La campagne présidentielle a permis une double émergence. Celle de mouvements hors partis traditionnels et d’un clivage idéologique fort prenant le pas sur le classique droite-gauche. Pascal Perrineau, politologue, professeur des Universités à Sciences Po, en décrypte les ressorts.
Quel regard portez-vous sur la campagne qui s’achève ?
C’est une campagne comme on n’en avait jamais connu. Les Français, défiants vis-à-vis de la vie politique, expriment en même temps un intérêt pour la présidentielle. On ne sait pas ce qui va l’importer entre le rejet et l’attrait. Cela peut se terminer par une poussée de l’abstention. Les gens utilisent aussi la protestation, le Front national ou Mélenchon, pour exprimer cette tension. Ou, au contraire, y aura-t-il la tentation de revenir vers des poids lourds ?Par ailleurs, le débat n’a jamais réussi à se nouer autour d’un thème. En 2012, c’était la finance ; en 2007 le « travailler plus pour gagner plus ». Cette fois, à cause de l’agenda judiciaire, ce ne fut pas le cas. Cela a créé un sentiment de perte de repères : près d’un quart des Français n’ont pas encore fait leur choix.
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