Spécialiste et défenseur du droit du travail, Pascal Lokiec réagit au rapport Badinter et aux annonces gouvernementales sur la réforme du code du travail. Et s’inquiète d’un prévisible démantèlement aux dépens des salariés.
Pascal Lokiec est l’auteur d’un livre paru l’an dernier chez Odile Jacob : Il faut sauver le droit du travail !
Regards. Quel regard portez-vous sur les conclusions du rapport Badinter sur le code du travail ?
Pascal Lokiec. Sur le contenu, le rapport énonce, dans un style très clair, les principes essentiels du droit du travail. Il est notamment positif de rappeler l’importance de la personne humaine, de sa dignité, au travail. Mais cela ne retire rien à mes inquiétudes sur la réforme à venir du code du travail. Les principes énoncés ne peuvent être compris sans leurs déclinaisons : nous ne les aurons que dans la deuxième étape, avec la réforme du code du travail. Prenons un exemple : un principe énonce que le licenciement doit reposer sur « un motif réel et sérieux ». En rien cela n’empêcherait de libéraliser les motifs de licenciement et de prévoir, comme l’a proposé François Fillon, le motif de réorganisation. Avec cette possibilité pour une entreprise de licencier un salarié au seul motif qu’elle se réorganise, il n’y aurait plus besoin de difficultés économiques ou d’une menace sur la compétitivité ! Le principe qui est posé dans le rapport Badinter, que je ne conteste en aucune manière, ne verrouille en rien les déclinaisons négatives pour les salariés qui pourraient être adoptées dans la loi.
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