12 juin 2015 - Les politiques fiscale et sociale jouent un rôle non négligeable pour limiter les écarts de niveaux de vie. Mais l’heure n’est malheureusement pas au renforcement de la protection sociale. Entretien avec Patrick Savidan, professeur de philosophie politique, président de l’Observatoire des inégalités. Extrait du magazine Alternatives Économiques.
La crise a aggravé les inégalités, mais n’ a-t-elle pas également limité la volonté de les combattre ?
C’est une hypothèse qui doit être examinée de près. L’augmentation des inégalités peut en effet s’auto-alimenter en entraînant une demande de baisse des dépenses de l’État. Nous pourrions penser - non sans raison - que lorsque la situation se dégrade, cela incite à renforcer les dispositifs publics de protection sociale. Ce n’est pas toujours ce que l’on observe. Pas facile de savoir pourquoi le creusement des inégalités favorise parfois un certain conservatisme social. Cela suscite immanquablement la perplexité chez les progressistes, qui aimeraient pouvoir compter sur une sorte de rapport mécanique entre la perception d’une injustice sociale et la mise en branle politique de ceux qui la subissent. Mais ce n’est pas le cas. Les résistances actuelles à la réforme des collèges en sont, à mon sens, une illustration.
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