Depuis la réélection d'Emmanuel Macron, la réforme des retraites monopolise le débat, reléguant au second plan les difficultés et les aspirations mises à jour par la crise sanitaire ou la guerre en Ukraine. Rarement les citoyens n'auront été percutés dans un temps si bref par autant d'enjeux existentiels : prise de conscience du délabrement et de la sous-capacité de notre système de santé, hyper-vulnérabilité de nos approvisionnements stratégiques, défaut de reconnaissance sociale des travailleurs « invisibles », enchaînement de catastrophes climatiques, repolarisation hostile du monde.
Or c'est ce moment de l'Histoire qu'Emmanuel Macron choisit pour rejouer la partition du « no alternative » thatchérien. Face à un front du refus qui rallie deux tiers de l'opinion, mille interprétations se bousculent : lassitude, crispation sur les acquis sociaux, rejet des élites, etc. Des interprétations qui réduisent complaisamment l'opinion française à sa dimension «réfractaire », arc-boutée sur les acquis sociaux. Mais renversons la perspective : que souhaitent au juste les Français ? Ne sont-ils que dans la résistance au changement ou aspirent-ils à autre chose ? Le sondage OpinionWay réalisé pour les Printemps de l'économie, a précisément pour but d'analyser les domaines d'engagement auxquels les Français accordent le plus d'importance, ainsi que les acteurs et les moyens qu'ils souhaitent pour les incarner. Sa lecture nous livre un éclairage nouveau sur les racines de leur mécontentement. [...]