Comment l’année 1962, où le pouvoir bascule des autorités coloniales aux représentants du peuple algérien, a-t-elle été vécue par la simple population ? Faute d’archives, Malika Rahal propose une histoire incarnée des émotions.
Avec Algérie 1962. Une histoire populaire, Malika Rahal explore un moment révolutionnaire, celui que symbolise l’année 1962 qui, en Algérie, voit le pouvoir basculer des autorités coloniales françaises aux représentants d’un peuple accédant à l’indépendance politique. À l’arrière-plan, court l’espoir qu’un tel travail historique puisse faire écho au Mouvement populaire (al-Hirâk al-cha‘abî) qui s’est imposé sur la scène publique en 2019, en faisant souvent référence à 1962. Il s’agit donc de comprendre comment 1962 a été vécu par la simple population, les subordonnés (subaltern) dont on entend peu les voix, au-delà des scansions bien connues de l’histoire politique (déclaration du cessez-le feu le 19 mars, proclamation de l’indépendance le 5 juillet et, après une crise politique pendant l’été, constitution d’un gouvernement placé sous la direction d’Ahmed Ben Bella en septembre). Et de rompre ainsi avec l’idée commune qui ne voudrait voir dans cette période qu’un « mauvais départ », où les médiocres (les plus habiles à tirer leur épingle du jeu) auraient chassé les bons (les combattants des maquis de l’intérieur, et parmi eux les femmes), pour la présenter plutôt comme un temps des possibles.
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