– Mardi 11 janvier 2022
Communiqué du Bureau national du Parti socialiste
Le Parti socialiste soutient le mouvement de grève annoncé le 13 janvier prochain à l’initiative des principaux syndicats d’enseignants et d’un large front des acteurs de l’éducation. Cette action exprime la fatigue et l’exaspération de toute une profession face à la gestion de la crise sanitaire dans les écoles et à l’absence de réponses du gouvernement à ses revendications.
Depuis la rentrée de janvier et le protocole sanitaire imposé à la dernière minute par le ministre Blanquer, les élèves et leurs parents courent de test en test pendant que les ruptures répétées d’apprentissage pénalisent les élèves les plus fragiles, et que les personnels sont de plus en plus en souffrance face aux injonctions contradictoires de protocoles irréalistes. Depuis la rentrée de janvier, on compte trois nouveaux protocoles, depuis la rentrée de septembre cinq, et depuis le début de la crise près de cinquante sans toutefois garantir de bonnes conditions de protection et d’apprentissage pour les enseignants, les personnels et les élèves. Ce n’est pas un ajustement, c’est du pilotage à vue. C’est pourquoi nous demandons un protocole clair, discuté et adapté à la réalité des écoles et établissements, et communiqué aux acteurs concernés dans des délais raisonnables de mise en œuvre.
Quand la situation est inédite et complexe, quand elle appelle des décisions exceptionnelles, il est contre-productif et même méprisant de continuer à vouloir décider de tout, toujours tout seul, depuis son bureau de la rue de Grenelle. C’est dans ces moments que l’écoute et la concertation sont plus nécessaires que jamais. On ne peut pas demander aux enseignants et personnels d’être présents pour assurer le bon déroulement de l’année scolaire et rester sourd à leurs alertes. C’est pourquoi nous demandons la prise en compte des propositions des représentants des enseignants et professeurs, des élus et des parents d’élèves.
Quand tout le pays connaît une forte reprise épidémique, et que les enfants et les adolescents sont particulièrement touchés par les contaminations, il n’est pas possible de faire croire que l’école serait une enclave protégée. Il se confirme a contrario que, depuis l’automne, elle est même un lieu de circulation élevée du virus. Début janvier, en quatre jours, le nombre total d'enseignants contaminés s’est avéré trois fois plus élevé que lors de la dernière semaine de classe de décembre, selon les chiffres du ministère. C’est pourquoi nous demandons le renforcement du protocole sanitaire en étudiant son passage au niveau 3 dans les collèges et lycées pour limiter les brassages.
Il nous faut garantir le meilleur fonctionnement possible de nos écoles, c’est pourquoi nous demandons que le protocole sanitaire prévoie la fermeture d’une classe en fonction d’un taux d’élèves positifs ou absents et que le remplacement des enseignants absents soit assuré. De même, nous insistons pour que les enseignants bénéficient de masques FFP2 – qui assurent une meilleure protection face à un variant aussi contagieux qu’Omicron – et pour qu’une véritable politique publique de tests soit engagée dans les écoles – sur le modèle de ce qui se met en place dans l’académie de Paris – au niveau exigé par le conseil scientifique, à savoir un dépistage systématique et hebdomadaire.
L’aération et la ventilation des classes et des locaux scolaires étant une donnée importante dans la lutte contre la propagation du virus, le Parti socialiste demande au ministre de communiquer un point précis sur la mise en œuvre de capteurs de CO2 et de purificateurs d’air dans les établissements. Cet investissement doit être déployé à grande échelle comme le recommande l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), mais il ne saurait incomber aux seules collectivités locales qui font déjà beaucoup depuis deux ans pour s’adapter à la situation. Le Parti socialiste demande au gouvernement d’abonder l’enveloppe actuellement débloquée de 20 millions d’euros, très insuffisante, pour aider les mairies, départements et régions qui n’en ont pas les moyens à s’équiper, et de doubler le plafond d’aide maximum prévu par capteur – aujourd’hui de 50 euros seulement.
Il ne suffit pas de se gargariser que les écoles restent ouvertes, ce que, par ailleurs, nous n’avons eu de cesse de plaider depuis le premier confinement pour ne pas aggraver le décrochage scolaire, encore faut-il s’en donner les moyens, ce qui n’a pas été fait depuis bientôt 24 mois.
Avec la crise sanitaire, la gouvernance solitaire du ministre Blanquer touche à ses limites. Qu’a fait le ministre pour aider l’école à vivre par temps de Covid ? Rien, ou si peu. Manque de personnels, équipements informatiques défaillants, décrochages scolaires plus nombreux, protocoles à répétition : les mêmes questions se posaient déjà en 2020 lors du déconfinement. Depuis deux ans, le ministre Blanquer n’a pas réussi à installer l’école de la confiance, à concilier protection et scolarisation. Il semble d’ailleurs aujourd’hui plus préoccupé par la promotion de son club de réflexion.
C’est pourquoi nous invitons aujourd’hui le ministre Blanquer à démissionner plutôt que de continuer à mettre l’école aux bords de la crise de nerfs.