Une première bataille idéologique se livre autour de l’interprétation de la crise. D’aucuns s’acharnent à marteler l’idée que « la crise » n’aurait rien à voir avec les transformations du capitalisme mondial depuis cinquante ans. C’est faire fi de la dévastation planétaire due à la déforestation, à l’agriculture intensive, à l’urbanisation extensive, qui explique le développement des zoonoses, maladies provenant de la transmission de l’animal à l’homme. La discussion théorique n’est pas qu’une affaire de sémantique car il en va de la suite à donner : s’il s’agissait d’une crise extérieure à l’évolution du capitalisme, il suffirait de relancer la machine économique après avoir fermé la parenthèse de la pandémie ; s’il s’agit au contraire d’une crise systémique, alors une refondation complète des objectifs et des moyens de l’économie s’impose.
On se doute que la bataille principale porte donc sur le changement de cap à opérer. La revue Les Possibles s’inscrit depuis son origine dans cette perspective. Et la pandémie du coronavirus et la paralysie de l’économie qui s’en est suivie sont l’occasion de préciser un peu mieux ce que serait une transition sociale et écologique pour sortir de la logique mortifère du capitalisme et des dégradations sociales et écologiques engendrées par la poursuite de l’accumulation infinie. Dans les deux numéros précédents des Possibles, nous avions consacré les dossiers à la politique monétaire des banques centrales et à la planification dans la perspective d’une transition. Nous poursuivons ici avec un dossier sur les transformations nécessaires du système productif.
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