GREEN NEW DEAL
Jean Gadrey - Le « green new deal » de Bernie Sanders est-il à la hauteur ?
Depuis une dizaine d’années, le New Deal de Roosevelt est redevenu une référence pour une partie de la gauche en Europe et aux États-Unis. Rebaptisé et requalifié en « Green New Deal » (GND par la suite), il est au cœur du programme de Bernie Sanders. Son incontestable ambition suffit-elle à en faire une politique de nature à freiner autant que possible la catastrophe écologique en cours ? Il est permis d’en douter.
LE NEW DEAL DE ROOSEVELT
Il est vrai que ce qui a été accompli sous l’impulsion de Franklin Delano Roosevelt, Président des États-Unis de 1933 à 1945, impressionne, en particulier sous l’angle d’un volontarisme politique capable de refouler les lobbies d’affaires et la finance pour imposer des mesures de progrès social. Des mesures largement plébiscitées par les citoyen.ne.s, ainsi qu’en témoignent les deux réélections faciles de Roosevelt en 1937 et 1940.
La Croix - Portrait Pour un « new deal » écologique : Aurore Lalucq Eurodéputée (Place publique)
Cette experte des changements de modèle économique a lancé un intergroupe de 160 élus au Parlement européen pour faire en sorte que le pacte vert annoncé par la Commission ne devienne pas un habillage écologique.
«Il n’y a jamais rien d’incompatible », lâche Aurore Lalucq, après une heure d’entretien à l’Européen, brasserie située face à la gare de Lyon à Paris. La phrase ramasse à la fois son parcours, sa pensée, et son engagement. Cette économiste hétérodoxe, convertie à la politique, revendique l’hybridation des idées, du moment qu’elles restent au service de l’humain.
RETRAITES
Libé - Boris Vallaud, le député qui met des «cailloux dans les chaussures» de LREM
Lors de l’examen du projet de loi sur les retraites, le socialiste exploite les subtilités parlementaires et joue le coup d’après : la saisine du Conseil constitutionnel.
Al’aune de la vertigineuse pile des 35 000 amendements communistes et insoumis sur la réforme des retraites, la livraison du groupe socialiste (700 amendements) semble modeste. Mais son porte-parole, Boris Vallaud, donne un autre fil à retordre au gouvernement. Le député des Landes joue le coup d’après : la future saisine au Conseil constitutionnel.
PAUVRETE
Observatoire des inégalités - Supprimer la pauvreté : un enjeu pour les municipales
Points de vue 7 février 2020
La campagne des élections municipales donne l’occasion aux candidats de proposer un revenu minimum unique équivalent au seuil de pauvreté. Le point de vue de Noam Leandri et Louis Maurin, président et directeur de l’Observatoire des inégalités. Texte extrait de la Gazette des communes.
Éradiquer la pauvreté, c’est possible en mettant en place un revenu minimum unique (RMU) supérieur au seuil de pauvreté, équivalent à 860 euros pour une personne seule. Notre proposition (lire le texte détaillé) devrait devenir un enjeu politique des prochaines élections municipales
Observatoire des inégalités - La pauvreté dans les grands pays riches : la France se distingue
Parmi les grands pays riches, la France est celui où le taux de pauvreté (8,3 %) est – de loin – le plus faible. Il est deux fois moins élevé qu’aux États-Unis (17,8 %) qui ferment la marche du classement. La situation se dégrade nettement en Allemagne.
Avec un taux de pauvreté de 8,3 % en 2016 au seuil à 50 % [1], la France est clairement le modèle social qui lutte le mieux contre la pauvreté, selon les données de l’OCDE. À l’autre bout du classement, aux États-Unis, la part de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est deux fois plus élevée (17,8 %). Suivent ensuite le Japon et l’Espagne (15,7 et 15,5 %), l’Italie (13,7 %), le Royaume-Uni (11,9 %) et l’Allemagne (10,4 %).
COTISATIONS SOCIALES
Dans le cadre de la réforme des retraites, le gouvernement envisage de réduire l’assiette de la CSG-CRDS payé par les non-salariés, à la fois pour compenser la hausse des cotisations retraites et pour faire converger l’imposition des salariés et des non-salariés. Ces deux objectifs sont-ils compatibles ? Nous montrerons ici que non.
La comparaison des taux de cotisations sociales entre salariés et non-salariés est particulièrement délicate : les taux affichés diffèrent, mais aussi l’assiette (le salaire brut versus le revenu professionnel). Les barèmes de réduction des cotisations se font à des niveaux différents (tableau 1). Enfin les droits à prestations ne sont pas les mêmes. La comparaison a été rendue encore plus délicate par le remplacement de cotisations salariés, chômage et maladie de remplacement, par la CSG.
USA
Le vent se lève - La socialiste Kshama Sawant fait voter la première trêve hivernale des États-Unis
Portée par Kshama Sawant, la seule élue socialiste du conseil municipal de la ville de Seattle (Seattle City Council), une proposition adoptée à l’unanimité interdit toute expulsion locative durant l’hiver. Seattle devient la première ville américaine à se doter d’une loi aussi ambitieuse en la matière, à l’heure où le logement s’impose comme un défi crucial pour les socialistes américain·e·s.
Introduit le 6 décembre 2019, le Council Bill 119726, qui prévoit l’interdiction des expulsions locatives en période hivernale, a été définitivement adopté à l’unanimité lundi 10 février.
CHAUFFAGE
Jean Gadrey - Il faut interdire les terrasses chauffées, sources d’une énorme gabegie énergétique
J’emprunte les évaluations qui suivent à mon ami Thierry Salomon, un vrai pro des questions énergétiques et climatiques : il a longtemps présidé (et il est toujours porte-parole de) l’association NégaWatt (mille adhérents dont quatre cents experts et praticiens français de l’énergie) à qui l’on doit les scénarios à mes yeux les plus aboutis vers l’objectif de zéro émission nette en 2050 en France.
Dans un « billet d’humeur » publié (demain) par la revue « La maison écologique » (n° 115), il fournit des estimations que je résume fortement ici.
Prenons d’abord le cas d’une terrasse de 5m de large et 15m de long, chauffée au gaz propane de mi-novembre à mi-mars, 14 heures par jour, avec 5 braseros chauffant chacun 15 m2. Consommation estimée : 50 400 kWh par hiver, avec en prime 13,7 tonnes de gaz carbonique émis dans l'atmosphère ! Soit l’équivalent des émissions d’une berline neuve roulant 122 000 kms. « Le café-croissant a soudain un méchant goût de carbone ».
RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE
Martin Anota - Les économistes sous-estiment les coûts du réchauffement climatique
Il n’est pas étonnant que les économistes s’intéressent au changement climatique. Certes, ils peuvent avoir tendance à se laisser porter par leurs prétentions « impérialistes » et à s’attaquer à certains objets traditionnellement étudiés par le reste de la communauté scientifique, mais il faut avouer que la question touche directement leur objet d’étude originel : la création et la répartition des richesses. Non seulement les émissions polluantes sont générées par les activités de production et de consommation, mais en outre le changement climatique n’est pas sans affecter en retour l’activité économique [Dell et alii, 2012 ; Burke et Tanutama, 2019 ; Kahn et alii, 2019].
GUERRES COMMERCIALES
Quelles sont les motivations économiques derrière la politique commerciale menée par la présidence Trump aux États-Unis ? La réaction des partenaires commerciaux, notamment la Chine, est-elle rationnelle économiquement ? Quelles sont les conséquences macroéconomiques à attendre de telles politiques ? Nous tentons d’apporter quelques éléments de réponse dans ce billet.
Les déficits extérieurs américains, que ce soit du compte courant ou de la balance commerciale, ne datent pas d’hier, ni même d’avant-hier. Comme le montre le graphique ci-dessous, la dégradation remonte à la fin des années 1970 et sa cause a été largement discutée dans la littérature. Bien que le graphique semble montrer que la cause première de ces déficits soit le creusement des déficits commerciaux, l’analyse économique montre que le solde du compte courant est tout autant déterminé par l’équilibre entre épargne nationale et investissement : le creusement des déficits publics (qui absorbent l’épargne des ménages américains), la place centrale des États-Unis dans la finance mondiale, la financiarisation des économies dans les années 1980, le rôle spécifique du dollar (Gourinchas et Rey, 2007), les excédents extérieurs d’autres pays cherchant à s’investir aux États-Unis (saving glut, Bernanke, 2005), la politique de change chinoise, les imperfections financières dans d’autres pays (Gourinchas et Jeanne, 2009), notamment en Chine, sont autant de facteurs additionnels permettant d’expliquer cette dynamique jointe du compte courant et des échanges commerciaux.
INDUSTRIE
Jean Gadrey - La désindustrialisation est mondiale, mais une alter-industrie est nécessaire
J’ai rédigé ce long billet à la suite d’un débat public cordial et passionnant, le vendredi 7 février à Lille, avec Gabriel Colletis, l’infatigable animateur du collectif « manifeste pour l’industrie ».
LA NETTE DÉSINDUSTRIALISATION DE L’EMPLOI DANS TOUS LES PAYS « DÉVELOPPÉS »
Premier graphique : la part de l’emploi industriel dans l’emploi total, pour six grands pays dits développés, ou « riches », ou « industrialisés », depuis 1992. Source : Banque Mondiale et BIT (voir ce lien). La définition du secteur industriel dans cette base statistique est large et inclut, outre « l’industrie manufacturière », les industries extractives, la construction, la production et distribution d’électricité, de gaz et d’eau.