A LA UNE
La Fondation Jean-Jaurès, en partenariat avec Ipsos Sopra Steria, Le Monde et l’Institut Montaigne, publie cette semaine la septième vague de l’enquête « Fractures françaises ». Une photographie de l’état de l’opinion française toujours riche d’enseignements. Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean-Jaurès, s’est notamment intéressé à ceux qu’il nomme les « anti-démocrates ».
Bonne nouvelle : alors que, année après année, le pourcentage de Français considérant que « d’autres systèmes politiques peuvent être aussi bons que la démocratie » n’avait cessé d’augmenter, il s’est stabilisé en 2019. Mauvaise nouvelle : il demeure à un niveau élevé et préoccupant puisque 36 % des personnes interrogées partagent cette conviction – appelons-les les « anti-démocrates » – contre 63 % qui estiment que « la démocratie est le meilleur des systèmes » – appelons-les les « démocrates ».
GILETS JAUNES
Le rejet de toute représentation, qui a été sa force, a conduit le mouvement des Gilets Jaunes à s’absenter des élections européennes, et à l’essoufflement. Cette dynamique de désintermédiation de la politique n’est pas propre à la France : elle ronge l’ensemble des démocraties occidentales.
Les Gilets jaunes ont été largement absents de la séquence des élections européennes. Alors qu’ils ont dominé l’agenda politique et médiatique pendant six mois et fortement déstabilisé le pouvoir en place, ils ont très peu marqué la campagne électorale dont l’issue a consolidé la position de La République en Marche et confirmé le séisme électoral de 2017. Le mouvement produira sans nul doute des effets structurels de politisation et de socialisation et il n’est pas exclu qu’il connaisse un rebond, mais à court terme il semble s’être liquéfié et dissous. L’ordre électoral et la politique instituée ont repris leur droit et réimposé leurs codes. Cette restauration était prévisible. Mais cette situation renvoie aussi aux contradictions et aux apories du mouvement qu’un retour sur les derniers mois passés permet d’analyser.
INEGALITES
Observatoire des inégalités - Pour la création d’un revenu minimum unique
Éradiquer la pauvreté, c’est possible, grâce à l’instauration d’un revenu minimum unique (RMU), dès 18 ans, de 860 euros par mois, soit l’équivalent du seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian. Une proposition de Noam Leandri et Louis Maurin, respectivement président et directeur de l’Observatoire des inégalités.
La proposition [1] d’un revenu minimum unique garantit un niveau de vie mensuel de 860 euros pour une personne seule, de 1 810 euros pour un couple avec deux enfants. Il inclut d’éventuelles autres allocations perçues par ailleurs (famille ou logement notamment). Les personnes qui touchent déjà des allocations dont le total est supérieur à celui du RMU, ne verront pas baisser leurs allocations. Fixé au seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian, le RMU élimine la pauvreté à ce niveau.
Observatoire des inégalités - Les inégalités de niveau de vie n’augmentent plus depuis cinq ans
Après avoir fortement augmenté, les inégalités de niveau de vie se stabilisent ces dernières années. Pour autant, elles demeurent plus élevées qu’il y a vingt ans. Notre synthèse sur l’évolution des inégalités de revenus.
Allons-nous enfin vers du mieux en matière d’inégalités de revenus ? En 2012 et 2013, les écarts de revenus ont diminué. Ensuite, entre 2013 et 2017, ils se sont stabilisés. Les données 2017 de l’Insee se situent au même niveau qu’il y a dix ans. Il est bien trop tôt pour crier victoire : les inégalités demeurent à un niveau supérieur à ce qu’elles étaient au milieu des années 1980. Voyons ce qu’en disent les principaux instruments de mesure.
Observatoire des inégalités - Depuis cinq ans, la pauvreté stagne à un niveau élevé
La France compte cinq ou neuf millions de pauvres selon la définition adoptée. Depuis cinq ans, la pauvreté stagne à un niveau élevé. Les dix années d’extension de la pauvreté de la période 2002-2012 ne se résorbent pas.
La France compte cinq millions de pauvres si l’on fixe le seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian [1] et neuf millions si l’on utilise le seuil à 60 %, selon les données 2017 (dernière année disponible) de l’Insee. Dans le premier cas, le taux de pauvreté (la part de personnes pauvres dans la population) est de 8,0 % et dans le second de 14,1 %. Au cours des cinq dernières années (20012-2017), le nombre de pauvres s’est stabilisé à un niveau élevé.
ITALIE
Alors que tout semblait conduire à un retour aux urnes en Italie et à une prise du pouvoir imminente de Matteo Salvini, le psychodrame du mois d’août a terminé en revers cinglant pour celui qui l’a déclenché en provoquant la chute du gouvernement. Cette crise de ferragosto, la fête du 15 août, a réordonné le champ politique italien et chamboulé les rapports de force. Récit.
Pour comprendre les raisons de la crise italienne, il faut revenir sur le contexte issu des élections de 2018. Depuis celles-ci, on assiste à un renforcement de Matteo Salvini et de la Ligue malgré la victoire du Mouvement 5 étoiles. Avant même la formation de la coalition Lega-M5S qui a eu lieu à la fin du mois de mai 2018, Salvini s’est imposé comme une figure montante. Son arrivée au poste de ministre de l’Intérieur a ensuite décuplé ses marges de manœuvre pour mener des coups de communication sur l’immigration et sur la confrontation avec les élites italiennes et européennes. Ce discours a été très efficace et a été construit à partir d’un axe narratif central : le fait d’être un homme qui ne se rend pas – io non mollo.
ARGENTINE
Le Vent se lève - Argentine, spéculations sur la présidentielle
Alors que l’image des arbres enflammés de l’Amazonie voisine imprègne encore tous les esprits, d’autres pyromanes ont de nouveau mis le feu à l’Argentine, provisoirement déclarée en « défaut sélectif » par Standard & Poor’s mercredi 28 août, moins de 20 ans après la crise de 2001 et deux mois avant la prochaine élection présidentielle. La crise a révélé les faiblesses de l’économie argentine, soumise à des réformes néolibérales à marche forcée, depuis l’élection de Mauricio Macri en 2015. Elle témoigne également de la pression que les marchés financiers sont prêts à exercer sur un peuple récalcitrant. Retour sur un mois d’août incendiaire pour l’économie … et la démocratie argentine.
HISTOIRE
À propos de : Pierre Dockès, Le Capitalisme et ses rythmes, quatre siècles en perspective. Tome I : Sous le regard des géants, Classiques Garnier
Si l’analyse économique était tombée dans un cul-de-sac avec un excès de formalisation mathématique, est-ce que l’Histoire économique permettrait d’en sortir ? Pierre Dockès nous propose un « voyage au long cours », destiné à saisir l’essence de la vie économique.
L’éclatement de la bulle des subprimes aux États-Unis, en 2007, s’est rapidement mué en une crise économique mondiale, que les économistes ont pris l’habitude de désigner sous le nom de « Grande Récession », en référence à la Grande Dépression des années 1930, dont l’impact fut considérablement plus important.