Le système ferroviaire français est à bout de souffle, cheminots et usagers sont d’ailleurs les premiers à réclamer son amélioration. S’il est juste de vouloir le réformer – des pistes de travail avaient d’ailleurs été esquissées lors du précédent quinquennat – cela ne peut pas se faire n’importe comment, ni à n’importe quel prix.
Le chemin de fer est un patrimoine national auquel nos concitoyens sont attachés : il fait partie de la République sociale et territoriale. En décidant de passer en force par le recours aux ordonnances qu’il n’avait pas annoncé au Français sur ce sujet, le gouvernement prive le pays d’un temps indispensable de débat démocratique. Ce n’est pas davantage en abaissant le rôle du Parlement et du dialogue social que le Premier ministre parviendra à sceller un pacte entre la Nation, la SNCF et les cheminots qu’il prétend pourtant appeler de ses vœux.
Pour tenter d’apaiser la grogne de l’opinion, Édouard Philippe a déclaré qu’il ne suivrait pas les recommandations du rapport Spinetta sur la fermeture des petites lignes. Mais sans préciser ses intentions en la matière, il laisse planer l’épée de Damoclès sur le devenir des lignes dans les territoires ruraux et dans les villes moyennes, là où le train est un service public crucial.
Le gouvernement adopte en revanche sans réserve la vision comptable du rapport Spinetta. En témoigne son obsession de se débarrasser du statut des cheminots, comme si celui-ci était le nœud de la crise de la SNCF. Le Parti socialiste continue d’affirmer, exemples européens à l’appui, que le marché et la concurrence ne sont pas les horizons radieux de notre système ferroviaire.
Au final, enfermé dans sa vision financière, le Premier ministre est passé à côté du sujet. Exiger des économies de la SNCF n’a en effet de sens que si l’on est capable d’inventer le chemin de fer de demain, d’en dresser les grandes perspectives à 50 ans, de définir ses finalités puis ses modalités. Les défis pourtant ne manquent pas – exigence climatique, logistique urbaine, lutte contre les inégalités territoriales, évolution de carrière et rémunération des agents, qualité du service – auxquels les mesures annoncées hélas ne répondent pas.
Pour le Parti socialiste, sur le fond comme sur la forme, les options du Premier ministre ne vont pas dans la bonne voie.