La dynamique des révolutions nationales de l’après-Guerre paraît remise en cause par la montée de courants théocratiques rétrogrades. Selon M. Walzer, c’est en grande partie parce que ces révolutions n’ont pas su négocier avec les traditions religieuses nationales.
Recensé : Michael Walzer, The Paradox of Liberation. Secular Revolutions and Religious Counterrevolutions, Yale University Press, New Haven 2015, 170 p.
Critique des révolutions nationalistes séculières
Dans The Paradox of Liberation, à partir de l’examen de trois exemples historiques de « libération nationale » (l’Algérie, l’Inde et Israël), choisis en raison même de la diversité de leurs contextes politiques, géographiques et culturels, Michael Walzer tente de comprendre la relation entre la perte de dynamique des mouvements séculiers de libération nationale de l’après-guerre et la résurgence du religieux, sous une forme moderne et contre-révolutionnaire, dans les États-nations issus de ces révolutions.
Dans chacune de ces trois situations, le processus de libération nationale s’entend toujours comme l’émancipation d’une double oppression, externe et interne. La première correspond à l’asservissement d’une population par une puissance étrangère, asservissement qui s’exprime d’abord par la répression violente de tout mouvement de résistance ; la seconde procède de l’intériorisation coutumière de cette domination par la population assujettie. La dimension révolutionnaire d’une libération nationale tient à la victoire à la fois sur l’oppresseur externe, mais aussi sur tout ce qui naturalise l’expérience du joug dans les mœurs, pratiques, croyances, coutumes, hiérarchies sociales — soit sur ce que La Boétie a appelé « servitude volontaire ».
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