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marie-anne dujarier

  • Le capitalisme ludique ou l’éviction du « réel »

    Résumé : Cet ouvrage décortique le quiproquo entre « réel » et « réalisme » qui consolide la présence des dispositifs de gestion dans notre société.

    L’ouvrage de Marie-Anne Dujarier est le résultat d’un travail de terrain de plus de dix années, nous offrant la possibilité d’aller plus loin dans la compréhension de l’usage des dispositifs managériaux. Maîtresse de conférence à l'université Sorbonne Nouvelle et chercheure au Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologique économique (CNAM-CNRS), l’auteure avait déjà fortement contribué à une sociologie de l’encadrement de l’activité dans le capitalisme contemporain – publiant notamment L’idéal au travail (2006) et Le travail consommateur (2008). Dans son dernier ouvrage, Le management désincarné, Marie-Anne Dujarier poursuit, au même titre que des chercheures comme Valérie Boussard   ou Eve Chiapello  , le travail primordial qui doit être mené au sujet des dispositifs de gestion.

    La sociologue désigne sous le nom de dispositif l’ensemble « des ‘outils’, ‘techniques’ et autres ‘démarches’ managériales »  qui, quel que soit le domaine, dénote d’une conception planificatrice de l’encadrement des activités. Avec une démarche qu’elle nomme « clinique », l’auteure nous propose ainsi une description des résultats concrets de l’implémentation de ces modes d’encadrement au sein de structures publiques et privées.

    Dans cette analyse, ce ne sont ni les dispositifs désincarnés qui ont pris le contrôle du travailleur, ni les cadres d’entreprise empreints d’idéologie qui profitent d’une position « dominante » à distance. En déplaçant la question du management contemporain vers la compréhension de ceux qui produisent ces dispositifs – les « planneurs » –, l’auteure donne à voir une situation plus complexe où les dominants sont davantage des dominants-dominés, et où leur contribution à la détérioration du travail des salariés est la conséquence de l’abstraction nécessaire pour parvenir à réaliser le « sale boulot » du planneur. En effet, dirigeants comme employés se révèlent très critiques vis-à-vis des dispositifs mis en place. Quel que soit leur rang, les individus interrogés affirment que le management par dispositif a pour effet de « joindre l’inutile au désagréable ». Ainsi tout au long de l’ouvrage, l’auteure nous tient en haleine en promettant de répondre à une question : si les outils sont critiqués et inefficaces, pourquoi leur propagation se maintient-elle ? Autrement dit, comment tout cela se tient-il ?

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