Les séries d'été de l'Humanité : Penser un monde nouveau .Maurice Godelier démontre l’ineptie des arguments des opposants au mariage pour tous – évolution irréversible de la société – et nous explique que l’homoparentalité nous ouvre à un relativisme culturel bienvenu. Entretien.
Auteur du livre remarqué les Métamorphoses de la parenté, en 2004, et lauréat de la médaille d’or du CNRS pour l’ensemble de son œuvre, Maurice Godelier est l’un des plus grands anthropologues français. Il fut directeur scientifique du premier département des sciences de l’homme et de la société du CNRS, de 1982 à 1986, puis directeur scientifique du musée de l’Homme, de 1997 à 2000. Influencé par Karl Marx autant que par Claude Lévi-Strauss, il radiographie depuis près de vingt ans les mutations des familles et de la filiation. Ce compagnon de route des luttes féministes porte aujourd’hui un regard acerbe sur le débat autour du mariage pour tous. Selon lui, contrairement à ce qu’affirme l’opposition conservatrice, la sexualité humaine est fondamentalement a-sociale et ce n’est pas la famille ou les rapports de parenté qui fondent les sociétés, mais les rapports politico-religieux. Pour Maurice Godelier, les mutations internes de la famille contemporaine sont liées à trois mouvements : la promotion de l’individu, qui a abouti à ce que l’on mette l’accent sur le libre choix du partenaire, le mouvement d’égalité entre les sexes, qui a conduit à mettre fin, au sein des familles, à la « puissance paternelle », et le mouvement de valorisation de l’enfance, amorcé au XVIIIe siècle par Jean-Jacques Rousseau. À l’aune de ses recherches, l’homoparentalité est une évolution irréversible de la société. Et il plaide pour un accompagnement social et légal des nouvelles formes de famille.
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