Hier, lors de la présentation des grands axes du futur projet de loi « industrie verte » devant les acteurs de l’industrie française à l’Élysée, le Président de la République a appelé l’Union européenne à faire « une pause réglementaire » sur les normes environnementales. Interrogé sur ce sujet ce matin sur France Info, le ministre de l’industrie a quant à lui indiqué vouloir que cette « pause » dure 5 années. Une fois de plus, ces déclarations sont graves et dangereuses.
Au-delà du diagnostic libéral habituel considérant l’effort de régulation comme une entrave au bon fonctionnement du marché, en opposant compétitivité et impératif écologique, Emmanuel Macron et Roland Lescure ont rappelé qu’ils portaient une vision résolument passéiste du développement économique et industriel. Déréguler ne protège ni les filières, ni les consommateurs, ni l’environnement. Bien au contraire. Le manque de clarté et d’homogénéité des normes environnementales et sociales en Europe organise le dumping – y compris intra-européen – et fausse la concurrence internationale. Les industriels sont par ailleurs demandeurs de règles claires pour créer les conditions d’une concurrence équitable.
Ces déclarations sont d’autant plus graves qu’elles interviennent dans un moment d’importantes tensions autour de nos ressources – ressources essentielles pour notre tissu industriel. Il nous faut donc aujourd’hui intensifier nos efforts et non les mettre en pause : la bifurcation écologique du modèle de développement de notre industrie doit être engagée. Nous devons avoir une approche systémique sur l’ensemble de l’activité productive en gérant mieux les ressources et en protégeant davantage la biodiversité. L’Europe et la norme ont tout leur rôle à jouer pour relever ces défis.
Rappelons enfin ce que le Président de la République avait lui-même affirmé au moment de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle de 2022 : « Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas ». Indéniablement, Emmanuel Macron a définitivement fait son choix.