Observatoire des inégalités - Retraites : le projet de réforme est-il injuste ?
La réforme des retraites proposée pénalise les catégories populaires, les classes moyennes et les mères de famille. Il reflète le décalage qui existe entre la majorité des Français et les catégories favorisées. L’analyse de Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.
Les commentaires sur la réforme des retraites proposée par le gouvernement vont bon train. Malheureusement, ils sont incompréhensibles pour le plus grand nombre, qui ne maîtrise pas le fonctionnement du système. Pour mesurer l’effet plus ou moins inégalitaire des réformes actuelles et porter un jugement, il faut commencer par expliquer les paramètres en jeu.
Notre système de retraites se base d’abord sur une durée de cotisation : pour prendre sa retraite, il faut avoir cotisé un certain temps. Jusque dans les années 1990, il fallait travailler 37,5 ans. Progressivement, ce seuil a été relevé. Il est de 42 ans pour les générations 1961-1963 et la réforme de 2013 prévoit qu’il atteigne 43 ans en 2035 pour celles nées en 1973. Cinq ans et demi en 20 ans, c’est énorme.
Il se base ensuite sur un âge dit « légal » : celui auquel on a le « droit » de partir à la retraite. Il a été fixé à 60 ans en 1982, puis porté à 62 ans. On peut partir à la retraite dès cet âge, mais si on n’a pas cotisé assez longtemps, on touchera une retraite plus faible (ce qu’on appelle une « décote »). Pour une grande partie des salariés, cet âge est purement théorique, car ils n’ont pas cotisé assez.
Observatoire des inégalités - Comment réduire les inégalités de salaires ?
Proposition 19 janvier 2023
On peut comprimer les inégalités de salaires par les deux bouts. D’une part, augmenter le smic, ce qui revaloriserait de nombreux métiers indispensables et réduirait les écarts entre femmes et hommes. D’autre part, instituer un salaire maximum. Les propositions de l’économiste Rachel Silvera.
La moitié des salariées et des salariés du secteur privé perçoivent moins de 1 940 euros net par mois en équivalent temps plein, selon l’Insee (données 2019). 10 % gagnent moins de 1 319 euros, tandis que 10 % perçoivent plus de 3 844 euros. Le 1 % le mieux payé gagne plus de 9 103 euros net, soit environ 7,5 fois le smic. Mais on sait que même parmi ce 1 % se cachent de fortes disparités. Alors que le smic est simplement indexé sur l’inflation, que le salariat subit le choc de la crise sanitaire et de la hausse des prix, les revenus de patrons du CAC 40 ont progressé de 52 % en 2021 par rapport à 2019. Ces derniers ont touché en moyenne 7,9 millions d’euros [1], plus de cinq siècles de smic !*
Reporterre - Retraites : la vie ne se réduit pas au travail, affirme la pensée écologique
Le travail ou la vie ? Au-delà d’un débat qui porterait simplement sur l’âge de la retraite, l’écologie politique permet de repenser globalement la logique même du travail vis-à-vis du temps libre et de l’impératif de sobriété.
« Valeur travail » contre droit au temps libre ? À l’arrière-plan de la lutte contre la réforme des retraites se joue le partage de nos existences entre travail et temps libre. D’un côté, le gouvernement justifie sa réforme par la « valeur travail », placée par Emmanuel Macron au cœur de son second quinquennat. De l’autre côté, des travailleurs meurtris répondent qu’ils ne peuvent donner davantage de leur vie.
Le « dividende salarié », qui vise à augmenter la rémunération des salariés sur la base d’une participation aux bénéfices, suscite des débats aussi bien auprès du patronat que des syndicats. S’inspirant d’un dispositif existant aux États-Unis, Timothée Duverger, co-directeur de l’Observatoire de l’expérimentation et l’innovation locales de la Fondation Jean-Jaurès, et Christophe Sente, docteur en sciences politiques et sociales, proposent d’en faire l’outil d’une véritable démocratisation de l’entreprise.
Le 20 janvier de cette année, le ministre des Finances a annoncé que « le dividende salarié […] proposé par le président de la République […] sera mis en œuvre »1. Depuis la campagne présidentielle, cette proposition qui vise à augmenter la rémunération des travailleurs sur la base d’une participation aux bénéfices fait débat. Elle présente la caractéristique d’éveiller jusqu’à présent peu d’enthousiasme dans les rangs du patronat et la méfiance des syndicats, mobilisés par la réforme des retraites.
Le Grand Continent - Le Pacte vert et la sécurité humaine mondiale
Cet article est extrait de la nouvelle livraison de la revue GREEN, dirigée par Laurence Tubiana et consacrée à la géopolitique du Pacte vert après la COP27.
Les guerres ont changé. Elles s'étirent dans le temps et font germer une multitude de conflits, de plus en plus inextricables. Dans cette étude, Mary Kaldor invite à repenser ensemble l'action climatique et la recherche de la paix mondiale à travers la notion de sécurité humaine — une extension des droits individuels dépassant le cadre westphalien de la sécurité nationale. Dans ce contexte, le Pacte vert lancé par l'Union est décisif : la transition actuelle visera à la fois à lutter contre le changement climatique et à mettre fin à la guerre.
En l’espace de deux ans, et malgré les résultats des élections de mi-mandat aux États-Unis, les dirigeants européens pourraient possiblement envisager une deuxième présidence de Donald Trump d’un côté, et une Chine de plus en plus assertive et repliée sur elle-même de l’autre. Au cœur de la crise climatique, un tel scénario serait néfaste pour l’action climatique globale et pour le multilatéralisme en général.
Cette simple possibilité doit servir aux dirigeants européens à se donner un cap. Le rôle central de l’Europe entre les États-Unis et la Chine n’a jamais été aussi important et, de fait, la situation oblige l’Europe à envisager son rôle et sa portée bien au-delà de ce « G3 ». En d’autres termes, c’est à l’Europe qu’il incombe de créer les conditions — en gros, une dépendance au sentier — qui permettraient de responsabiliser la Chine et les États-Unis en matière d’action climatique, ainsi que de faciliter le fonctionnement du système multilatéral dans son ensemble. L’invasion russe de l’Ukraine a encore assombri la carte géopolitique du continent, amplifiant la nécessité d’une voix européenne plus affirmée et plus cohérente sur la scène internationale.
Reporterre - À Lützerath, la bataille épique contre le charbon
Alors qu’une grande manifestation longeait le village de Lützerath, des milliers d’écologistes ont tenté de franchir les lignes de police pour accéder à la zad, encerclée et en cours de démolition.
Des milliers d’activistes et de policiers se sont affrontés aux abords de Lützerath samedi 14 janvier dans une immense bataille de boue. Cette ultime tentative de reprendre la zad avant sa destruction totale au profit de l’agrandissement d’une mine de charbon découlait d‘une manifestation en soutien, qui s‘était élancée à midi avec à sa tête notamment Greta Thunberg.
Réunissant entre 15 000 personnes (selon la police) et 35 000 personnes (selon les organisateurs), le cortège arrivait aux abords du hameau, encerclé par des barrières, canons à eau et 8 000 policiers, quand des milliers de manifestants ont convergé vers les forces de police.
PS
France Culture - Quel est le rapport entre un jean et le parti socialiste ?
Ne cherchez pas trop longtemps, je ne souhaite pas comparer le PS à un jean parce que celui-ci se déchirerait, serait troué ou délavé. La comparaison, je veux la faire entre deux jeans a priori identiques...
Deux jeans qui se ressemblent beaucoup, deux jeans qui sont peut-être même faits au même endroit, mais l’un est vendu dix fois, vingt fois plus cher que l’autre, parce que l’un est un jean disons Prada et l’autre un jean Tex.
A ce moment de mon billet vous attendez que je vous dise si c’est Olivier Faure ou Nicolas Mayer Rossignol, les deux protagonistes de la bagarre au PS, vous vous demandez lequel des deux incarne le socialisme Prada et le socialisme Tex…
Le premier secrétaire, réélu de justesse et sur fond d’accusations de fraude, a rencontré ses adversaires vaincus, lundi. Ils doivent se revoir d’ici à la fin de la semaine pendant le congrès de Marseille pour trouver un accord.
La crise n’en finit pas à la tête du Parti socialiste (PS). Alors que le premier secrétaire, Olivier Faure, a été réélu de justesse à la tête du parti après recomptage des voix et sur fond d’accusations de fraudes, ce dernier a annoncé, lundi 23 janvier, avoir proposé à ses adversaires battus, Nicolas-Mayer Rossignol et Hélène Geoffroy, une « direction collégiale ». Il s’est, en revanche, opposé à l’idée d’avoir « trois ou quatre premiers secrétaires » à la tête du parti à la rose.
Nicolas Mayer-Rossignol conteste les résultats de la commission de récolement, qui a validé la victoire de dimanche d’Olivier Faure, lui donnant 51,09 % des voix, contre 48,91 % à son rival. Le maire de Rouen réclame la poursuite du recomptage et dénonce des « fraudes dignes d’un autre temps », ce que dément Olivier Faure.
Invité de notre matinale, Nicolas Mayer-Rossignol est revenu sur les tensions autour de l’élection du Premier secrétaire qui s’est tenu la semaine dernière. Le concurrent d’Olivier Faure ne reconnaît pas l’élection de ce dernier à la tête du parti sans pour autant revendiquer la victoire. Il appelle à la constitution d’une véritable direction collégiale, sur la base des votes récoltés par chaque texte d’orientation dans une élection, elle, incontestée.