L’idée que la France est coupée en deux et que le clivage social se superpose à un clivage géographique, opposant la France des métropoles à la « France périphérique », est solidement ancrée dans l’opinion. C’est pourtant, à ce degré de généralité, une idée fausse.
Je l’avais déjà écrit dans Telos en rendant compte des ouvrages de Christophe Guilluy qui a popularisé ces thèses. Pour le faire je m’étais appuyé sur une série de travaux de géographes et d’économistes publiés dans la très bonne revue de l’Insee Economie et statistique, notamment un numéro consacré en 2008 aux « disparités territoriales ». Il se trouve que cette revue récidive, presque dix ans après, en publiant un numéro spécial consacré aux « Régions et territoires »[1]. Les résultats présentés dans cette nouvelle livraison permettent d’enfoncer le clou : il n’y a pas deux France, mais des France traversées de clivages multiples et complexes qui ne se laissent absolument pas approcher par ces schémas binaires dont raffolent les politiques et les médias.
Le schéma binaire de la France périphérique a aussi servi à une lecture politique pour opposer les gagnants et les perdants de la mondialisation et qualifier le vote extrême qui serait concentré dans cette France périphérique. Une note de Terra Nova vient également mettre à bas cette lecture simpliste de la géographie électorale.
Dans son introduction au numéro d’Economie et statistique, Pierre Veltz résume très bien les principaux acquis des recherches. On peut retenir deux points principaux.
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