Il faut se rendre à l’évidence : le «jour» n’est plus l’unité de temps d’un journal. Un quotidien papier de la presse écrite ne peut pas rivaliser avec la vitesse à laquelle les sites web, les blogs, les réseaux sociaux, les journaux en ligne, les radios et télés, les «news» des grands serveurs diffusent les nouvelles de l’«actualité». Aussi, au moment où il est en kiosques, se condamne-t-il à apparaître comme «le journal de la veille» - perdant progressivement ses lecteurs qui, bombardés d’informations tous azimuts, sont déçus de n’y trouver que ce qu’ils savent déjà. Il n’y a pas lieu ici d’examiner les facteurs, nombreux et complexes, qui ont conduit à la crise, sinon à l’agonie, des journaux. Sans doute certaines de ces causes sont-elles endémiques, dues à la force «balayante» de l’innovation technologique et à l’évolution incontrôlée des sociétés - donc «inarrêtables» - et feront disparaître le journal papier comme elles ont fait disparaître la locomotive à vapeur. Pas davantage il n’est nécessaire d’évoquer l’altération sinon la défiguration de l’espace public que provoquerait l’absence de quotidiens dans les kiosques, espace où ils s’affichent comme emblèmes du fait du pluralisme, de la liberté d’expression, de la confrontation des opinions, de l’éthique de la discussion et de la politique délibérative dont parle Habermas.
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