Les séries d'été de l'Humanité : Penser un monde nouveau . Militant de l’ANC, le poète a connu un long exil aux États-Unis avant de rentrer à Johannesburg en 1990. Conversation libre sur la littérature, le jazz, l’Afrique et la révolution.
Il est coiffé de son éternelle casquette de marin, les yeux pétillants, le sourire toujours aux lèvres. À soixante-quinze ans, Keorapetse William Kgositsile garde dans le regard quelque chose d’enfantin, et, au cœur, le sens de la lutte. Chez lui, le poète et le militant sont indissociables. Membre influent de l’African National Congress (ANC), il a dû prendre le chemin de l’exil, dès 1961, sous la pression d’un régime sud-africain déterminé à faire fermer New Age, le journal auquel il collaborait alors. Destination, les États-Unis, où il fait corps avec le combat des Africains-Américains pour les droits civiques. Un mouvement qui entre en résonance avec sa propre lutte contre l’apartheid. Kgositsile devient vite une figure majeure de la poésie afro-américaine.
À New York, il fréquente les clubs de jazz, côtoie Coltrane, Nina Simone, Billie Holiday. À ses yeux, cette musique révolutionnaire est un ferment d’unité culturelle de la diaspora africaine à travers le monde, une nouvelle langue commune, proprement révolutionnaire. À Harlem, il fonde le Black Arts Theatre (Théâtre des arts afro-américains). En 1975, Kgositsile décide de rentrer en Afrique. Interdit de séjour dans son propre pays, il s’installe à Dar es Salam. Dans l’exil, il dote l’ANC d’un département de l’éducation, puis d’un département des arts et de la culture. Il retrouve sa ville natale, Johannesburg, en 1990, après vingt-neuf ans d’exil.
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