Libé - Changement climatique, inégalités et Covid-19 : un triptyque indissociable
Institut Rousseau - Profiter de la crise pour réduire durablement nos émissions de CO2
Au plus fort du confinement, la crise du Covid-19 aura généré une baisse ponctuelle de 17 % des émissions mondiales de CO2, nous ramenant temporairement à notre niveau d’émissions de l’année 2006. La réduction sur l’année entière est attendue autour de – 4 % à – 7 % par rapport à 2019, un chiffre absolument inédit depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais pas suffisant cependant pour nous placer sur une trajectoire de neutralité carbone à l’horizon de la seconde moitié du siècle, qui nous commande de réduire nos émissions de 7,6 % chaque année. Devons-nous en conclure que la transition bas carbone est de fait irréaliste et non souhaitable, sauf à vouloir le chômage de masse, la restriction de nos libertés et des milliers de morts ?
____________________
Le nouveau virus, issu d’un contact entre l’humain et l’animal, pose la question de notre rapport au monde vivant. La philosophe Virginie Maris s’intéresse depuis longtemps à ces sujets : dans un livre passionnant, La Part sauvage du Monde (Seuil, 2018), elle interroge les voies d’une possible cohabitation entre humains et non-humains, en rappelant qu’il faut pour cela « restreindre notre territoire ». Première partie de cet entretien.
_________________
Europe 1 - Avec les municipales, le Parti socialiste reprend espoir en vue de 2022
Plusieurs villes dans le viseur, une union de la gauche qui ne se délite pas… Les socialistes misent sur un second tour des municipales réussi pour bien préparer la campagne présidentielle.
À trois semaines du second tour des élections municipales, le Parti socialiste reprend des couleurs après les débâcles successives de la présidentielle et des européennes, où le parti n’a pas dépassé pas la barre des 6%. Ce scrutin local redonne même des espoirs de conquête à gauche : "Non seulement on va conserver nos positions, mais on va aussi gagner des villes", affirme-t-on dans l'entourage du Premier secrétaire Olivier Faure. Après des scrutins calamiteux, les socialistes retrouvent l'esprit de conquête.
__________________
Libé - Déconfinement de la culture, poids et mesures
Tribune. Est-ce parce que le spectacle vivant, qu’il soit théâtre, musique, danse ou cirque, prend racine dans l’irrationnel que s’applique à sa réouverture des règles qui finissent par sembler tout aussi irrationnelles ?
Est-ce parce que les transports publics sont pragmatiques et rationnels qu’ils échappent à ces mêmes règles, permettant ainsi au secrétaire d’Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, de lever en un tournemain les mesures de distanciation pour ce secteur ?
Est-ce qu’une haute autorité scientifique s’est penchée sur l’exemple du transport aérien qui dès le mois d’avril s’autorisait régulièrement à remplir la jauge complète des sièges étroits de certains de ses vols ?
___________________
Libé - Municipales : à gauche, «s’unir permet de recréer du clivage»
Pour la politologue Virginie Martin, le rassemblement est nécessaire afin de pouvoir peser lors de l’élection présidentielle.
La gauche peut-elle reconquérir le pouvoir en passant par le bas ?
C’est sa seule chance. Emmanuel Macron se fout complètement de l’ancrage territorial. Là-dessus, LREM est un échec complet, la gauche a donc une carte à jouer. Mais pour cela, il faut qu’elle s’unisse, car aucune force ne peut prendre le leadership et entraîner derrière elle les électeurs. Comme après la guerre froide, on est passé d’un monde bipolaire à un monde multipolaire, avec Emmanuel Macron le paysage politique à gauche est devenu multipolaire…
___________________
Reporterre - « Les lobbies veulent façonner le monde d’après »
À qui profite la crise sanitaire ? Mercredi 3 juin, les Amis de la Terre et l’Observatoire des multinationales ont publié un rapport édifiant intitulé Lobbying : l’épidémie cachée. Il montre comment, « alors que la situation sanitaire attirait toute l’attention, les industriels et leurs lobbies ont lancé une grande offensive auprès des pouvoirs publics ». Au nom du Covid-19, ils ont ainsi attaqué plusieurs normes environnementales. Malgré le déconfinement, cette bataille est loin d’être terminée : « Ils cherchent désormais à capter la manne publique mobilisée par le gouvernement pour la sortie de crise, et à orienter le contenu des plans de relance, explique Juliette Renaud. Les lobbies veulent façonner le “monde d’après” en fonction de leurs intérêts. » Nous l’avons interviewée.
____________________
Switch - Les contre-effets traumatiques du choc pandémique
Neurologiste et artiste, Jean-François Chermann livre ici ses impressions à propos des conséquences du Covid sur son travail, son état d’esprit et notre société toute entière. Angoissé par le confinement nocturne, il a apprivoisé sa solitude en créant de nouvelles œuvres, confrontant ces dernières à sa propre expérience médicale.
Nous sommes dans le 15e arrondissement de Paris, à deux pas du Pont Mirabeau où plane le spectre de Guillaume Apollinaire, dans l’un des premiers immeubles Art déco parisiens. On entre d’emblée dans la salle d’attente du neurologiste, dont le mur de gauche est couvert de vinyles de l’époque post-punk comme dans la boutique New Rose des années 1980, rue Pierre Sarrazin près du Couvent des Cordeliers, aujourd’hui disparue. Sur le mur de droite, derrière le divan, trône une carte du monde en pâte à modeler encadrée par des masques de Papouasie.
___________________
Le Vent se lève - Syndicalisme : une résurrection envisageable ? – Entretien avec Sophie Béroud
Les dernières décennies ont fait disparaître les syndicats tels que nous les connaissions. De moteurs du progrès social, ils ne font plus office que de caution à une destruction systématique du code du travail. En conséquence la défiance s’accroît à leur égard. Sont-ils pris dans un jeu institutionnel les laissant sans leviers d’action ? Est-ce à cause de leur intégration à la construction européenne ? Ou bien est-ce la structure de l’économie qui les rend obsolètes ? Ce qui est certain, c’est que leur forme est amenée à changer. Sophie Béroud, politiste à l’Université Lyon 2, auteure avec Baptiste Giraud et Karel Yon de Sociologie politique du syndicalisme (A. Colin, 2018), nous éclaire sur le sujet. Entretien retranscrit et réalisé par Baptiste Detombe.
________________
Observatoire des inégalités - Pour en finir avec le revenu universel
Points de vue 2 juin 2020
Le revenu universel, aberration économique et sociale, est aussi une injustice. Rares sont ceux qui comprennent qu’il serait distribué aux riches comme aux pauvres. Il est temps de sortir de ce piège. Le point de vue de Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.
Quand en finira-t-on avec ce revenu « universel » ou « de base » qui pollue le débat des idées depuis plusieurs décennies [1] ? La plupart des citoyens qui se disent favorables à ce concept pensent défendre un revenu minimum pour ceux qui manquent d’argent, alors que la proposition consiste à verser un revenu universel, donc à tout le monde. Donner de l’argent aux riches comme aux pauvres, sans distinction. De l’extrême gauche aux néolibéraux, les partisans des multiples variantes du revenu universel ou de base sautent sur chaque occasion pour ressortir leurs propositions et jouent de cette confusion. Ils ont profité de la crise sanitaire pour relancer leur communication. Notre pays a vraiment mieux à faire.
Guy Valette - Pour en finir avec toutes ces aides conditionnées et stigmatisantes.
En réponse à la violente charge de l’Observatoire des inégalités contre le revenu universel avec l’article de Louis Maurin
__________________
Basta - Crise alimentaire mondiale : « Nous sommes au bord d’une pandémie de faim »
Un risque de pénurie alimentaire n’est, pour le moment, pas à craindre. Mais des dizaines de millions de personnes sont menacées de ne plus pouvoir manger à leur faim, du fait de l’absence de revenus, de protections sociales et de rupture des chaînes d’approvisionnement.
C’est une donnée qui résonne comme un terrible avertissement. Le nombre de personnes au bord de la famine pourrait doubler, de 135 millions en 2019 à 265 millions d’ici la fin de l’année 2020, a prévenu l’ONU dans un rapport publié fin avril [1]. « Alors que nous affrontons une pandémie de Covid-19, nous sommes également au bord d’une pandémie de faim », déclarait alors le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial.
____________________
La densité urbaine des mégalopoles a été pointée du doigt partout à travers le monde pour son rôle dans la propagation du virus. Si Paris veut entamer une "cure d'hygiène" en pensant à agrandir les trottoirs, ces aménagements semblent insuffisants pour rassurer des habitants en mal de nature. Un défi d'autant plus complexe que la densité permet en revanche de lutter contre le réchauffement climatique en limitant l'étalement urbain. Une double injonction qui représente un vrai défi pour les villes.
__________________
L'incapacité française à produire des masques et des tests à grande échelle a mis au jour notre forte dépendance industrielle vis-à-vis d’autres pays comme la Chine, et la souveraineté industrielle de la France est à nouveau questionnée. La mondialisation industrielle actuelle est le fait de la stratégie globale des multinationales financiarisées, qui pilotent et dominent de vastes systèmes productifs intégrés. Poser la question d’une autonomie industrielle doit prendre en compte l’agencement systémique de cette mondialisation.
Comment se matérialisent les liens entre segments productifs dans ces chaînes globales de production ? La partie économique de ces relations est incarnée par des relations asymétriques de sous-traitance, de franchise et de filialisation. La partie matérielle est incarnée par des flux mondiaux de marchandises dont atteste l’explosion des transports de marchandises dans le monde. Mais une partie de ces relations reste trop souvent dans l’ombre, alors qu’elle est une condition déterminante de l’extension mondiale de ces systèmes intégrés, c’est la dimension numérique. Seules les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont permis une interconnexion forte des segments productifs
_________________
Novethic - Avec le Coronavirus, la relocalisation vers la France pourrait (vraiment) avoir lieu
Le Covid-19 a mis un coup de projecteur sur les défaillances des chaînes d'approvisionnement trop éclatées. Un quart des entreprises envisagent désormais de relocaliser une partie de leurs achats en France ou en Europe pour sécuriser leur approvisionnement et limiter leur impact environnemental. Reste que les prix liés au Made In France sont un frein. Surtout, il faudrait davantage miser sur une diversification des sources d'approvisionnement plutôt que la relocalisation, plaident certains experts.
___________________
Alors que les règles du droit social d’encadrement des conditions de travail ne sont qu’imparfaitement applicables à ceux qui œuvrent actuellement sur un bout de table de cuisine avec un ordinateur portable, plusieurs solutions théoriques sont disponibles, détaille le juriste Francis Kessler dans sa chronique.
Droit social. Le droit social est construit sur le constat d’un rassemblement en un même lieu de plusieurs personnes qui exécutent un certain nombre de tâches sous la direction d’une autre. L’apparition du salariat au XIXe siècle est le moment de dissociation du lieu de travail subordonné de celui de l’habitation. Le législateur, d’abord national puis européen, est intervenu pour réglementer ce que l’on nomme aujourd’hui le « milieu du travail ».
_____________________
Reporterre - Pour un plan de sortie de crise écologique, « il faut doubler le nombre de paysans »
Alors qu’une vingtaine d’associations et syndicats publient un « plan de sortie de crise », Reporterre s’est concentré sur les mesures de reconversion sociale et écologique de la production agricole proposées : alimentation, emploi, rémunération, installation, libre-échange…
Mardi 26 mai, vingt organisations associatives et syndicales [1] ont publié un plan de sortie de crise. Dans ce document, elles défendent 34 mesures pour répondre aux enjeux sanitaires, sociaux, économiques et écologiques auxquels font face nos sociétés après la pandémie de Covid-19. Le plan vise à « faire la démonstration qu’il y a des alternatives au capitalisme néolibéral, productiviste et autoritaire, et que ces alternatives sont crédibles, désirables et réalisables, à condition que les moyens politiques soient mis au service des objectifs de transformation sociale et de préservation de l’environnement ».
___________________
Le Vent se lève - Pourquoi Bernie Sanders a perdu son pari
Passé à deux doigts de la nomination en 2016, Bernie Sanders abordait les primaires de 2020 en position de force. À quatre jours du Super Tuesday, les sondages lui promettaient une victoire décisive. Pourtant, c’est Joe Biden qui, en remportant une série d’États dans de très larges proportions, s’est rapidement constitué une avance insurmontable. Comment expliquer cet échec ? La campagne de Bernie Sanders était-elle trop « à gauche », pas assez « populiste » ou bien l’appareil démocrate est-il trop puissant pour être renversé ? Autrement dit, la défaite s’explique-t-elle par des erreurs stratégiques ou par le contexte structurel de cette élection ?
__________________
_________________
8 juin 2020
La nomination de Jean Tirole et de Christian Gollier à la Commission d'experts dans grands défis économiques n'est pas de nature à laisser penser que nous allons changer de trajectoire. La croyance dans le marché parfait reste la boussole de ces « experts ».
Une Commission d’experts pour les grands défis économiques ? Vraiment ?
Jean Tirole et Christian Gollier, viennent d’être nommés par Emmanuel Macron au sein de la Commission d’experts sur les grands défis économiques, le premier comme co-président, (avec Olivier Blanchard) et le second comme responsable du volet climat. Je ne pense pas risquer grand-chose en pariant que ces deux nominations ont peu de chances de déboucher sur les transformations qui seraient nécessaires pour affronter vraiment ces futurs défis économiques.