Attaqués de l’extérieur, les sociologues doivent défendre leur légitimité tout en faisant face à la précarité de la profession. Sans oublier de répondre à une question inconfortable: la sociologie peut-elle survivre à la crise de la social-démocratie?
J’ai lu dans une interview du sociologue du temps et de l’accélération Hartmut Rosa qu’à chaque seconde, un à deux millions d’êtres humains se trouvaient dans les airs, voyageant en avion d’un lieu à l’autre de la planète. Combien de personnes sont-elles en train d’assister à un congrès, à un colloque ou à un séminaire au moment où vous lisez cet article? Un sociologue a forcément travaillé là dessus. Parce qu’en 2017, on trouve de la sociologie de tout, et un sociologue pour chaque chose: il y a de la sociologie des transports, de la sociologie de la certification, de la sociologie des médias, de la sociologie des enfants, de la sociologie du surf, de la sociologie des bûcherons, de la sociologie des écoles de samba à Rio et même une sociologie des universitaires, sorte de sociologie au carré –comme s’il y avait une physique quantique des physiciens, ou une micro-économie des auteurs de manuels de finance.
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