Résumé : Tentative de développer une définition unificatrice du concept à succès de « bobos » par une enquête sociologique.
Derrière le « phénomène bobo » se cache une réalité sociologique qu’Anaïs Collet s’attache à décrypter dans un ouvrage paru en février 2015 aux éditions La Découverte. Dans Rester bourgeois, cette jeune maître de conférences en sociologie se pose la question suivante : au-delà d’un certain « rapport aux lieux » ou en tout cas un ancrage singulier dans l’espace urbain, qu’est-ce qui est commun à ceux que le langage ordinaire désigne sous le nom, non dénué parfois de mépris, de « bourgeois-bohêmes » ? Selon l’auteure, c’est l’appartenance à un même groupe social situé quelque part entre la bourgeoisie possédante et les franges basses de la classe moyenne. L’objet de son ouvrage est d’en proposer une définition unificatrice qui soit capable de tenir compte de sa diversité. Même si la méthodologie, alliant approche pragmatique et grille de lecture structuraliste, est parfois acrobatique, ses résultats et les fils d’analyse qu’elle en tire convainquent aisément le lecteur.
Anaïs Collet fait coïncider le « phénomène bobo » avec l’installation dans les années 1970 de jeunes gens issus des « nouvelles classes moyennes » dans les vieux quartiers populaires de centre-ville ou dans les anciens faubourgs ouvriers. Ceux qu’elle préfère appeler « gentrifieurs » convertissent progressivement d’anciennes zones rebuts en espaces désirables. De façon à restituer la généalogie et les parcours de ces habitants, la sociologue propose de procéder en croisant les résultats de deux terrains d’enquête situés sur les Pentes de la Croix-Rousse à Lyon et sur le Bas-Montreuil en proche banlieue parisienne. Si les profils des pionniers et de leurs descendants semblent assez variés d’un contexte à l’autre, ils partagent en tout cas une disposition singulière à faire de leur logement et de sa localisation une base de conversion d’un relatif important capital culturel en moyens de reproduction voire d’ascension sociale.
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