12 janvier 2016 - Les classes sociales ont disparu du discours politique, au profit des discriminations liées au sexe, à l’âge, à la couleur de peau, etc. D’autres dimensions sont pourtant nécessaires pour dessiner les contours des nouvelles couches modestes. Entretien avec Camille Peugny, sociologue, maitre de conférences à Paris 8.
Les inégalités entre les sexes, les territoires, selon l’âge ou la couleur de la peau occupent le débat public. Est-ce que cela a encore un sens de parler des inégalités entre « classes sociales » aujourd’hui ?
Camille Peugny* : Pour analyser le processus de stratification sociale, il faut prendre en compte plusieurs paramètres, plusieurs variables, et considérer l’âge, le sexe, le revenu, le diplôme, l’origine ethnique ou le lieu d’habitation. Autour de chacun de ces facteurs se structurent des inégalités dont il faut comprendre l’origine, la logique et la portée, mais dans les faits, ces inégalités constituent un système d’ensemble. Par exemple, une femme de ménage est donc une femme, mais aussi bien souvent immigrée, sans diplôme, avec des miettes d’heures de travail et un salaire à peine supérieur au seuil de pauvreté. Le concept de classe sociale demeure essentiel pour comprendre la société dans sa globalité car il permet de synthétiser, en quelque sorte, ces différentes dimensions. Lorsque l’on parle des « classes populaires », on désigne bien des groupes qui tendent à cumuler les facteurs de désavantage social, et à l’inverse, on voit bien comment les plus privilégiés cumulent les différents types de ressources.
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