Alors que le temps des ruptures historiques et des grandes crises politiques semblait révolu, le mot de « révolution » a fait retour récemment, en Géorgie, en Ukraine ou avec les « printemps arabes » de 2011. Comment revisiter notre conception de l’idée de révolution ? Peut-on rapprocher ces révolutions contemporaines avec les grandes révolutions du passé ?
Quand le mur de Berlin tomba et que les chars prirent possession de la place Tien’anmen, il était difficile de penser que « la Révolution » (re)deviendrait le mot à la mode trente ans plus tard. Tout semblait avoir été dit, la fin de l’histoire était assurée comme on cachette une lettre avec un sceau : l’Histoire des forces antagonistes, celle du processus dialectique était achevée. Nous entrions dans un autre monde où les crises n’engendreraient plus de ruptures dialectiques. Dès 1974, la révolution des œillets au Portugal aurait donné le ton avec les colonnes de chars s’arrêtant aux feux rouges. Les seules révolutions qui se produisaient étaient de « velours », comme en Tchécoslovaquie, ou de « couleur » comme en Géorgie, en Ukraine et au Kirghizstan. Ces « révolutions » semblaient être l’aboutissement des actions des mouvements étudiants, ou des ONG, des coalitions d’opposants et des médias indépendants. Ces événements promouvaient la démocratie en ayant façonné des « paysages médiatiques » qui avaient dévalorisé les formes antérieures du pouvoir. Ajoutons cependant que ces révolutions se légitimaient en jouant aussi des rivalités stratégiques entre États-Unis et Russie.
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