La bourgeoisie actuelle ne se définit pas seulement par l’exclusion des groupes dominés, mais par des processus d’inclusion visibles (valorisation de la diversité sociale, revendication de la tolérance). En montrant qu’il y a là plus qu’une simple reproduction des rapports sociaux, l’enquête de Sylvie Tissot à Boston met en évidence les enjeux des recompositions des classes dominantes.
Recensé : Sylvie Tissot, De bons voisins. Enquête dans un quartier de la bourgeoisie progressiste, Paris, Raisons d’Agir, 2011. 313 p., 20 €.
Le South End de Boston connaît depuis la fin des années 1960, comme de nombreux quartiers centraux des grandes agglomérations nord-américaines et européennes, un processus de gentrification, c’est-à-dire une transformation sociale, économique et symbolique découlant de l’afflux de ménages appartenant aux classes moyennes et supérieures dans un quartier initialement populaire. Ce processus, étroitement lié aux transformations des valeurs des classes moyennes depuis l’ébranlement idéologique des années 1960, donne lieu à des situations de coprésence entre des groupes sociaux aux habitus, aux intérêts et aux ressources profondément divergents, régulées et prises en charge par les nouveaux habitants à travers leur goût progressiste pour la mixité sociale - « diversity » en anglais. Après avoir montré comment et sous quelle forme la « mixité sociale » était devenue un mot d’ordre des politiques de la ville en France [1], Sylvie Tissot continue à explorer cette catégorie.
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